Communiqué de presse
Recrutements de cadres : redémarrage progressif en 2021
Le bilan réel 2020 est maintenant établi : la chute des embauches cadres a été brutale, mais moins vertigineuse que les prévisions de l’automne ne le laissaient craindre : 228 700 recrutements cadres l’an dernier, en baisse d’environ 20 % par rapport à 2019*. Une baisse somme toute comparable aux grandes crises du passé.
Pour 2021, les embauches cadres redémarrent progressivement, sans retrouver encore leur niveau d’avant-crise : 247 000 embauches attendues, soit + 8 % par rapport à l’année terrible 2020, mais encore -12 % par rapport à 2019. Un rebond réel mais encore modéré, qui laisse une situation préoccupante pour les jeunes diplômé·e·s arrivant sur le marché du travail.
* quand les estimations au sortir du 1er confinement prévoyaient une baisse de 30 à 40 % (cf. baromètre des intentions de recrutements des cadres – T4 2020).
L’emploi cadre a mieux résisté que prévu en 2020, c’est une bonne nouvelle ! En 2021 le rebond ne permet pas encore de retrouver le niveau d’avant la crise, mais la tendance est positive, tirée par les secteurs et les métiers habituellement moteurs de l’emploi cadre. Mais certains secteurs importants restent à l’arrêt, impactant durement certains territoires. Cette dynamique positive ne doit pas faire oublier que les jeunes diplômés sortant des études rencontrent encore en 2021 de fortes difficultés pour trouver leur 1er emploi.Gilles Gateau, directeur général de l’Apec
La baisse des recrutements fragilise particulièrement les débutants
Selon le dernier baromètre de l’insertion professionnelle des jeunes diplômé·e·s, seuls 69 %(1) des Bac+5 et plus de la promotion 2019 se déclarent en emploi 12 mois après l’obtention de leur diplôme, contre 85 % pour la promotion précédente, soit 16 points d’écart(2). Pire encore, les conditions d’insertion se sont également dégradées. Seuls 59 % des diplômé·e·s en emploi ont un contrat à durée indéterminée, en diminution de 10 points en un an. Les conditions salariales se dégradent également puisque la rémunération annuelle médiane s’élève désormais à 31 000 euros bruts par an, contre 32 000 euros l’année dernière.
Pour 2021, les cadres débutants semblent bénéficier d’un climat plus favorable avec une progression de 13 % des intentions de recrutements sur les profils ayant moins d’ 1 an d’expérience. Ce signal encourageant ne suffit malheureusement pas à rattraper la chute de - 26 % des recrutements de cadres débutants enregistrée en 2020. Ainsi, en 2021, le volume de recrutements de jeunes diplômés sur des postes cadres resterait inférieur de 16 % à son niveau de 2019.
1 Taux d’emploi à 12 mois des diplômé·e·s 2019
2 Le terrain a été mené entre le 18 janvier et le 16 février 2021 auprès de 1 000 jeunes diplômé·e·s ayant obtenu leur diplôme en 2019
…mais aussi les plus expérimentés
Le marché de l’emploi cadre s’est fortement contracté pour les cadres les plus expérimentés qui ne semblent pas profiter du redémarrage attendu pour 2021. Les plus de 20 ans d’expérience subissent une baisse des intentions de recrutements de 28 % par rapport à 2019. Comme avant la crise, les cadres de 6 à 10 ans d’expérience restent les plus convoités et enregistrent une hausse de 14 % vs 2020, ce sont les seuls à se rapprocher du niveau d’avant-crise.
Prévisions Apec 2021 : les faits marquants
Avec 247 000 recrutements prévus en 2021 le redémarrage (+8 % vs 2020) ne permet pas de retrouver les niveaux record de 2019.
Les moteurs traditionnels de l’emploi cadre restent inchangés malgré la crise :
- Les activités informatiques (+16 %*), les activités juridiques et comptables - conseil et gestion des entreprises (+14%*) et l’ingénierie-R&D (+13 %*) représentent les secteurs les mieux orientés pour 2021 et portent en grande partie ce redémarrage. Plus globalement, les services représentent le plus grand pourvoyeur d’emploi cadre avec 74 % des embauches prévues en 2021. Certains secteurs comme la construction, les équipements électriques et électroniques, la chimie et mais aussi logiquement la santé (+7 %) tirent leur épingle du jeu.
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Côté fonctions, sans surprise, les informaticiens restent les plus convoités (22 % des recrutements au global). Aux côtés des commerciaux et des fonctions études-R&D, ils concentrent la quasi-totalité des hausses de recrutement en 2021. Au total, ces trois familles de métiers représentent, comme chaque année, plus de la moitié des recrutements de cadres en France, avec un volume qui reste néanmoins en dessous des niveaux de 2019. Ces trois fonctions sont également celles qui connaitraient en 2021 les plus fortes progressions de recrutement en 2021 par rapport à 2020.
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Trois régions forment le peloton de tête : l’Île-de-France, la région Auvergne-Rhône Alpes et les Hauts-de-France qui connaissent des hausses de recrutements comprises entre +10 et +11 %*. L’Île-de-France s’impose toujours comme la 1re région avec près d’un recrutement sur deux grâce à la forte concentration en services à forte valeur ajoutée (activités informatiques, ingénierie-R&D et conseil). Fait saillant, la Bretagne tire son épingle du jeu. Moins impactée par la pandémie, et grâce à ses spécificités économiques (notamment la résistance des activités informatiques), cette région est la seule qui affiche des intentions de recrutements qui surpassent celles de 2019 (8 900 embauches prévues vs 8 200 en 2019).
Des signaux faibles à surveiller :
- Certains secteurs restent très affectés par la récession. L’hôtellerie-restauration, fortement touchée par les fermetures administratives liées au contexte sanitaire, voit ses recrutements de cadres de nouveau reculer à 4 380 en 2021 (contre 5 470 en 2020 et 7 440 en 2019), soit une chute de 41 % entre 2019 et 2021. D’autres secteurs industriels restent fortement fragilisés à l’instar de l’automobile-aéronautique et autres matériels de transport qui enregistrent en 2021 une nouvelle baisse des recrutements de cadres de 8 %, après une chute de 32 % entre 2019 et 2020.
- Les régions Bourgogne-Franche Comté, Grand-Est et Normandie, caractérisées par d’importants bassins d’emploi industriels, ne bénéficient pas du redémarrage attendu, avec des progressions en 2021 qui oscillent seulement de 2 %à 4 % par rapport à 2020. L’Occitanie, région phare de l’industrie aéronautique, est le seul territoire qui affiche une évolution négative (-1 % en 2021 vs 2020), qui succède à une chute vertigineuse de -29 % entre 2020 et 2019.
*évolution 2020 – 2021