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Reconversion des sportifs de haut niveau : des compétences transférables vers des métiers cadres
Mener de front carrière sportive et études, le défi du double projet
Pour de nombreux sportifs, le spectre de la précarité est réel : leurs revenus sportifs parfois très modestes leur permettent rarement d’économiser, et la fin de leur carrière sportive représente un risque, notamment financier. Dans ce contexte, le double projet, c’est-à-dire poursuivre des études en parallèle d’une carrière sportive, représente une assurance pour bien préparer l’avenir, souvent en dehors de l’univers sportif, et exercer « dans des univers et des métiers à leurs yeux attrayants ». Or, les SHN soulignent des difficultés à mettre en œuvre ce double projet d'autant qu'il peut exister une certaine résistance de l’encadrement sportif qui n’encourage pas toujours la poursuite d’études, au-delà d’un Bac+2.
Mes entraîneurs me disaient : “Soit tu veux une médaille olympique, soit tu veux suivre des études supérieures.” Sachant que j’étais sur un programme e-learning, que je pouvais le faire entre midi et deux ou le soir, donc ça ne coupait en rien mes entraînements.SHN, homme, gymnastique, Edhec, consultant
Des compétences recherchées par les entreprises et transférables aux métiers cadres
Alors que les entreprises rencontrent toujours des difficultés à recruter, l’étude rappelle que les athlètes développent, tout au long de leur carrière sportive, des softskills et compétences recherchées et transférables aux métiers cadres, telles que la résilience, la persévérance, une aptitude au management et à la gestion d’équipe, la culture du résultat… Dans son étude, l’Apec met en exergue 5 exemples de compétences de SHN transférables vers les fonctions commerciales, la communication, l’informatique, l’ingénierie, les RH, etc., ainsi que les autres compétences à acquérir.
La force du sportif de haut niveau, je trouve, c’est sa capacité bien sûr à rebondir, à se remettre en question, mais c’est surtout que le sportif, il va au bout et il a une capacité de travail un peu hors normes (…)Manager homme, entreprise
Ce sont des gens qui ont vécu, qui ont parcouru le monde, qui ont voyagé, donc ils ont une ouverture d’esprit, humaine et culturelle qu’on ne trouve pas toujours chez les candidats classiques (…)Manager de projets RH femme, grande entreprise
Des pistes pour une reconversion réussie
Les SHN interviewés jugent insuffisant l’éventail des formations compatibles avec la poursuite d’une carrière sportive. Ils déplorent également le manque d’accompagnement professionnel ou mental alors même que 80 % des SHN traversent des phases difficiles suite à l’arrêt de leur carrière sportive.
Les 5 pistes pour améliorer le processus de reconversion vers les métiers cadres :
- Sensibiliser les sportifs de haut niveau à l’importance du double projet dès la fin du lycée et tout au long de la carrière sportive.
- Offrir à intervalle régulier des services d’orientation de carrière vers un niveau cadre adaptés aux sportifs.
- Renforcer la communication et resserrer les liens entre les instances sportives, les organismes de formation et de l’emploi et les entreprises.
- Enrichir l’éventail de formations disponibles.
- Accompagner les sportifs de haut niveau de façon plus proactive au niveau master et plus.
Cette enquête qualitative et inédite démontre l’importance d’inscrire le projet de performance sportive dans le projet de vie global du sportif de haut niveau. Cela fait écho à la mission de l’Apec qui accompagne et sécurise les parcours professionnels des jeunes diplômés et des cadres tout au long de leur vie. Pour autant, des efforts restent à réaliser pour mieux accompagner les sportifs de haut niveau à la fois pendant leur carrière sportive et après. Force est de constater qu’il reste du chemin à faire pour proposer des formations qui soient compatibles avec le niveau d’exigence et le quotidien de ces athlètesSophie Domenech-Vindex, cheffe de projet JOP Paris 2024 à l’Apec.
Un enjeu sur lequel l’Apec est mobilisée
Plus de 15 000 athlètes ont le statut de SHN* en France et environ 500 sportifs et 300 parasportifs feront partie de la délégation française aux JOP 2024. Certains occuperont des postes cadres dans quelques mois ou quelques années, d’où l’engagement de l’Apec dans l’accompagnement de ces transitions professionnelles. Ainsi, l’Apec met en place un dispositif spécifique pour les accompagner dans leur reconversion professionnelle et valorise auprès des recruteurs leurs soft skills et bien évidemment leurs compétences techniques qui sont indispensables dans un environnement professionnel exigeant et changeant. Ces dispositifs sont complémentaires aux cellules opérationnelles de proximité OFIRS (Orientation, Formation, Insertion, Reconversion, Suivi) mises en place en juillet 2022 sous l’impulsion de la ministre des Sports et des jeux Olympiques et Paralympiques et de l’Agence Nationale du Sport qui constituent une réelle avancée significative. L’Apec agit également aux côtés du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) avec la mise en place d’un programme novateur, « le Parcours Reconversion Athlètes », fondé sur un accompagnement entièrement individualisé associant chaque athlète à un mentor entreprise.
*SHN : La notion de sportif de haut niveau a en été définie en droit français pour la première fois en 1984, elle a été revue en 2015 pour lutter contre la précarité de ces athlètes suite à la Loi Braillard.
Consulter l’étude complète ici