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Emploi des cadres séniors : un mouvement s’amorce dans les entreprises, qui reste encore timide
À l'approche du lancement de la grande initiative du Ministère du Travail pour la valorisation des salariés expérimentés le 29 avril prochain, l'Apec publie ce jour les résultats d'une nouvelle étude consacrée à la situation professionnelle des cadres séniors. L’étude met en évidence un mouvement de nouvelles initiatives engagées par les entreprises depuis la réforme des retraites pour faire évoluer leurs politiques RH en faveur des seniors, mais cela ne concerne encore qu’une minorité d’entre elles : il reste un chemin collectif à parcourir.
Moins d’inquiétudes sur la retraite, mais toujours des craintes sur l’évolution professionnelle
Deux ans après la réforme des retraites, les cadres seniors de 55 ans et plus ont une idée plus précise de leur âge de départ à la retraite (81%, +7 points vs septembre 2023) et du montant de leur future pension (68%, +14 points). Cette clarification s’accompagne d’une légère diminution de l’inquiétude quant à leur fin de carrière (37%, -3 points vs septembre 2022) et d’une moindre urgence à partir à la retraite “dès que possible” (64%, -7 points vs février 2023).
Cependant, un frein majeur à leur évolution professionnelle persiste : la mobilité. Une majorité des cadres seniors (65%) considère qu’un changement d’entreprise représente un risque important, contre 45 % pour les cadres de 35 à 54 ans. De plus, 77 % estiment qu'il leur serait difficile de retrouver un poste équivalent en cas de changement d'entreprise forcé (vs 56 % pour les moins de 55 ans). Ce sentiment de vulnérabilité est alimenté par la perception d’une discrimination liée à l’âge, avec plus d’un tiers (37 %) des cadres seniors qui déclarent avoir été pénalisé dans leur carrière pour cette raison.
Des solutions concrètes pour valoriser un potentiel sous-exploité
L’étude montre que certaines entreprises -grandes entreprises et ETI, mais aussi PME et TPE ont commencé à faire évoluer leur politiques RH depuis la réforme des retraites avec au moins une action mise en place dans 34% des TPE, 64% des PME et 89% des ETI-GE.
S’agissant des mesures déjà en place, les actions pour la santé (entre 21% et 69 % selon la taille de l’entreprise) et pour l’aménagement des fins de carrière (entre 16% et61 %) arrivent largement en tête et se généralisent, tandis que plus d’une structure sur deux reconnait l'importance de capitaliser sur l'expérience de leurs collaboratrices et collaborateurs expérimentés. En effet, elles sont 55% à avoir mis en place des actions de transmissions des savoirs avec des dispositifs favorisant l'échange intergénérationnel, tels que le mentorat et le tutorat, où les seniors jouent un rôle clé dans l'accompagnement des plus jeunes.
En revanche, les politiques de recrutement et les plans de formation spécifiquement dédiés aux seniors restent encore peu répandus. Et les seniors s'en rendent compte : seuls 15 % des cadres de 55 ans et plus ont le sentiment que leur entreprise a adapté sa politique RH aux seniors depuis la réforme des retraites de 2023. Par ailleurs, l'Accord national interprofessionnel en faveur de l'emploi des salariés expérimentés, signé en novembre 2024, reste encore -c’est assez logique alors que la Loi qui doit le transposer n’est pas encore adoptée- peu connu, y compris dans les ETI GE (36 % des TPE, 42 % des PME, 56 % des ETI-GE en ont connaissance).
Les cadres seniors possèdent un atout précieux : une riche expérience ; Il faut maintenant créer collectivement les conditions pour que cette expérience se traduise pleinement en valeur ajoutée dans les entreprises, en favorisant la transmission des savoirs et en confiant aux seniors des missions à la hauteur de leurs compétences. Le mouvement s’engage, qui doit s’amplifier !Gilles Gateau, directeur général de l'Apec