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Elan Séniors : débattre sur les leviers pour relever le défi de l’emploi des séniors
Cet événement, organisé à Paris en présence des organisations syndicales et patronales et du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt, clôt une série de réflexions et d’échanges sur le recrutement, le maintien dans l’emploi et l’évolution professionnelle des séniors, organisée par l’Apec.
Lancé le 6 juin dernier avec le journal La Tribune, Elan Séniors a rassemblé à Lille, Marseille et Bordeaux, entreprises, cadres séniors et acteurs de l’emploi autour d’une question cruciale dans un contexte d’allongement de la vie au travail : comment favoriser l’accès à l’emploi des séniors et leur maintien dans l’emploi ? Pour continuer à prolonger et à enrichir les réflexions autour de cette problématique, l’Apec a organisé, le 26 septembre, un événement national permettant de restituer la teneur des débats des événements régionaux et de rassembler les organisations syndicales et patronales autour de ce sujet prégnant.
En introduction, Marie-Laure Collet, présidente de l’Apec a appelé à « poursuivre les efforts pour faire de l’emploi des séniors une évidence pour tous ».
Gilles Gateau, directeur général a rappelé, pour sa part, qu’« à 55 ans, on a encore globalement un quart de sa vie professionnelle devant soi », soulignant le paradoxe d’un marché de l’emploi en butte à des difficultés de recrutement alors que les séniors représentent un vivier riche de compétences. Gilles Gateau a indiqué, qu’à cette fin, l’objectif d’Elan Séniors était « de mettre en lumière, d’analyser les mécanismes qui conduisent à cette mise à l’écart des séniors », soulignant la nécessité d’un « événement qui ne soit pas seulement tourné vers le constat, la prise de conscience mais aussi vers l’action ».
Du constat à l'action
Le constat, tout d’abord avec Marion Desreumaux, cheffe de projet à la direction des données et études de l’Apec et Michel Wieviorka, sociologue. Leurs interventions ont permis d’objectiver les portraits des cadres séniors, les difficultés auxquels ils sont confrontés en termes d’accès à la formation continue ou de revalorisation salariale. Autre sujet abordé : les stéréotypes qui continuent encore trop souvent à distordre la perception par les entreprises des compétences de ces salariés ; stéréotypes qui font d’ailleurs l’objet d’une campagne de communication « choc » de l’Apec, depuis le 20 septembre dernier.
Après les constats, l’action avec le témoignage de Claudia Monteiro, directrice générale d’Eurogroup Consulting et d’Antoine Dezalay Joly, directeur des ressources humaines, au sujet d’un « parcours rebond », programme pensé avec l’Apec pour embaucher des cadres séniors et leur proposer des parcours de recrutement différents, tenant compte de leur expérience et fondés sur une période d’immersion au sein d’Eurogroup.
Elan Séniors en région : les propositions
Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec a ensuite partagé les idées discutées et débattues lors des événements Elan Séniors de Lille, Marseille et Bordeaux. Cinq thématiques ont été mises en avant :
- les préjugés attachés à l’emploi des séniors, avec trop souvent une tendance à catégoriser les différentes tranches d’âge dans l’entreprise ;
- la possibilité d’identification d’entreprises « senior friendly », l’idée d’une labellisation ayant été évoquée lors des différents ateliers ;
- les difficultés d’accès à la formation rencontrées par les cadres séniors alors qu’il est essentiel de se former tout au long de la vie et d’anticiper la dernière partie de carrière ;
- le coût du travail sénior, qui a donné lieu à plusieurs débats, mais sans consensus général ;
- le management et l’organisation du travail, avec des enjeux de souplesse et de flexibilité pour faire face aux enjeux sociétaux (aidants salariés, etc).
Une table ronde rassemblant organisations syndicales et patronales
La question de l’emploi des séniors a rassemblé, en fin de matinée François Asselin, président de la CPME ; Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT ; Cyril Chabanier, président de la CFTC ; François Hommeril, président de la CFE-CGC ; Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT ; Patrick Martin, président du Medef et Michel Picon, vice-président de l’U2P. Et ce, à l’aube de la négociation interprofessionnelle portant sur l’emploi des séniors.
Animée par Philippe Mabille, directeur de la rédaction de La Tribune, cette table ronde a adressé, dans le contexte de l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, la question des opportunités pour augmenter le taux d’emploi des séniors et des conditions pour y parvenir. L’index séniors, la mise en place de mesures contraignantes pour les entreprises, la prise en compte des transitions numérique et écologique, la question de l’aménagement des fins de carrière ont tour à tour été débattues.
L’importance de la formation et de l’anticipation de la dernière partie de carrière a émergé, là encore, comme une pierre angulaire des parcours professionnels, tout comme la nécessité de continuer à lutter contre les stéréotypes, qui a fait consensus au sein des organisations syndicales et patronales.
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, a clôt cet événement, abordant plus largement l’agenda social de ces prochains mois.
Sur l’emploi des séniors, le ministre en revenant sur les progrès réalisés ces dernières années, a souligné qu’il restait encore des mesures à déployer en matière de maintien dans l’emploi des séniors, notamment sur la tranche 60-64 ans, marquée par un taux d’emploi très sensiblement inférieur à celui de nos voisins européens.
Olivier Dussopt a également mis en exergue la question du retour à l’emploi des plus de 50 ans, généralement confrontés à des périodes de chômage plus longues que dans les autres tranches d’âge et des actions devant être mises en place face à cette difficulté.
© photos Elan Séniors : Cédric Helsly